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28 ans dans la démocratie: Quel regard avez-vous après ce parcours ?

28 ans dans la démocratie: Quel regard avez-vous après ce parcours ?

La troisième République a vu le jour suite aux insurrections populaires contre le régime dictatorial du général Moussa Traoré. La chute de ce régime qui a duré 23 ans, était une allégresse pour beaucoup des maliens qui inspirent de l’avènement de la démocratie et de multipartismes. Force est de reconnaitre que l’instauration de cette démocratie est loin de combler les attentes. Ils sont nombreux, ces acteurs qui se sont servis de ce précieux objet du monde contemporain pour s’enrichir ou lieu de servir l’État. Après 28 ans dans la démocratie quelques lecteurs nous ont livré leur regard sur le parcours. Lisez-les. 

Alassane Souleymane, journaliste : « 28 ans après, que retenir ? Que l’embellie de la pratique politique née de la révolution de 1991 s’est fanée. Les élections bâclées de 1997 ont tout remis en cause. Ça pouvait être le balbutiement d’une jeune démocratie de 6 ans mais les corrections n’ont jamais pu être apportées. L’argent est rentré dans la politique. Et n’est jamais ressorti. On ne milite plus par idéologie, par choix politique, mais par la vente et l’achat des consciences, des votes, des voix. Les trahisons sont achetées et vendues à la vitesse de la lumière. Aujourd’hui les partis ne vendent plus de cartes de militants, les militants n’achètent plus leurs cartes de partis. Le militantisme ne n’ait qu’à la veille des élections et meurt le lendemain. Entre temps les candidats auront acheté leur élection et ne se sentent plus investis du devoir de reddition car ils auront acheté le droit d’être informés de leurs électeurs. La légitimité politique est la chose la plus rare dans la démocratie malienne. La pratique politique doit retrouver ses vertus cardinales reposant sur la protection du devoir de militer par ses convictions idéologiques, du contrôle judicieux de la dépense des subventions publiques aux partis, de la moralisation à la fois des actions et des comptes. Ce sera par les acteurs politiques eux mêmes. La redevabilité doit être de mise sur toute la ligne ».

Benjamin Sangala, journaliste : « Après 28 ans, on a l’impression d’avoir un goût inachevé. Les espoirs ne se sont traduits en réalité, mais plutôt en déception. Les acteurs du mouvement démocratique pour la plupart ont profité de l’ignorance du peuple pour ériger des mondes différents. L’ère démocratique n’a profité qu’aux seuls acteurs. C’est vrai qu’on peut parler de la liberté d’expression, mais cela est lié à l’évolution des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Cela n’est pas propre au Mali, c’est de l’ordre mondial. Il ne faut pas oublier qu’après 28 ans, l’État est incapable d’affirmer son autorité sur l’ensemble du territoire national.  Il y’a une dégradation progressive de l’autorité de l’État consécutive à la mauvaise gouvernance de ceux qui ont eu la charge de diriger ce pays. En fait les autorités pataugent sans vision réelle de gouvernance ».

Demba Diabaté, Président et représentant national de l’Association pour une jeunesse africaine progressiste (AJAP-Mali) : « Cette démocratie a conduit le Mali sa chute libre. On se prépare pour entrer dans une nouvelle situation politique. Avant la démocratie, le Mali était bon dans plusieurs domaines, mais aujourd’hui c’est le contraire, le constat est vérifiable. Dans quel domaine nous sommes meilleurs ? C’est plutôt une démocratie importée qui ne correspond pas à nos propres réalités. Cette démocratie étrangère a affaibli les forts et a renforcé les faibles. Le respect mutuel est devenu un objet rare. Aujourd’hui nous nous identifions autres pays. Le multipartisme a perdu son sens, les gens ne sont plus fidèles à leur propre parti politique. Nous n’avons pas les moyens de la mise en œuvre et plus de la mise en œuvre de cette démocratie ».

Moussa Sissoko, imprimeur : « Dans le monde contemporain la démocratie est l’un des précieux objets dans la gouvernance d’un État. Cette démocratie est acquise par les différents Etats dans la souffrance et dans le labeur des hommes et des femmes qui en inspirent. Le Mali a fait son rentrée dans la démocratie dans les 1991 après le coup d’État contre le général Moussa Traoré qui avait dirigé le pays pendant 23 ans dans la dictatoriale.  Apres deux ans de transitions pilotées par le président du Comité de transition pour le Salut du peuple, Amadou Toumani Touré, le premier président de la République fut élu démocratiquement. Il s’agit du président Alpha Oumar Konaré. Alors, pendant ses deux quinquennats le Mali a connu des hauts et des bas. Cependant, sous ce régime de la démocratie le Mali beaucoup des maux sociétales furent nés : la corruption a ciel ouvert, l’impunité, l’injustice sociale, la mal gestion de la crise sécuritaire, la récession de l’économique et la perdition de plusieurs valeurs sociétales. Mais si certaines infrastructures furent érigées, il faut avoir le courage de le dire que cela est insuffisant par rapport au développement d’un État. Apres lui encore les choses sont restées intactes. On peut dire la démocratie est bien mais c’est les acteurs qui sont mauvais d’où la situation actuelle que le pays se trouve sans être développé comme il faut ».

Bréhima Mamadou Koné, Politologue : « Les 28 ans de la démocratie, malgré quelques avancées, les résultats sont mitigés. Nous avons institutionnalisé la corruption sous la bannière d’une démocratie de contre production. Les élites: intellectuelles, religieuses, militaires, hommes politiques, opérateurs économiques se sont entretenus pour se mettre à l’abri du besoin, en lui conjurant le mauvais sort (humiliation, pauvreté, précarité…). La révolution de Mars 1991, une révolution populaire du peuple a été récupérée par les hommes politiques contre ce même peuple, avec une privation d’accès aux services sociaux de base. La crise institutionnelle et sécuritaire que nous vivons depuis 2012, est la résultante de l’effondrement des institutions démocratiques et républicaines, qui font preuve de subordination au pouvoir exécutif. Il ne peut y avoir de démocratie sans d’institutions fortes. Pour sauver le peu d’acquis qui nous reste; nous devons revisiter et interroger nos institutions démocratiques et républicaines, pour bâtir de vraies institutions libres et indépendantes. La mauvaise gouvernance et la mauvaises répartition des ressources publiques, constitue un autre handicap de notre démocratie. Il est clair qu’au Mali, presque les 75% des ressources publiques sont investis à Bamako, pour l’entretien d’un État peu productif et coûteux, et le reste réparti entre les différentes régions. Ce qui pose un réel problème de redistribution des ressources publiques aux différentes échelles d’économie. En plus, on a l’impression que c’est une minorité qui décide de la répartition des ressources avec une majorité, maintenue dans la précarité. En résumer, nous n’avons plus le choix, nous devons accepter d’ouvrir le débat, d’engager le débat sur la refondation de l’Etat post-1991, en allant vers la décentralisation poussée. Cela permettra aux  de mieux doter les collectivités en ressources humaines et publiques, afin d’élaborer des politiques publiques, en prenant en compte toutes les sensibilités sociales. C’est à prix qu’on pourrait rendre accessible les services sociaux de base aux communautés à la base et de lutter contre la pauvreté endémique en milieu rural ».

Propos recueillis par M.L. KONE 

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