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Acte XVIII des «gilets jaunes»: après les violences, le temps des questions

Acte XVIII des «gilets jaunes»: après les violences, le temps des questions

Ce 16 mars 2019 promettait un regain de mobilisation pour l’acte XVIII des « gilets jaunes ». Ca a été le cas : plus de 32 000 contestataires ont défilé dans tout le pays. Mais ce qui restera, c’est un regain de violences : les images des affrontements et des dégâts très importants sur les Champs-Elysées ont fait le tour du monde. Des magasins pillés, le Fouquet’s détruit, un immeuble en feu et, très certainement, le drame évité pour une maman et son bébé. Ce dimanche 17 mars au petit matin, les stigmates des affrontements sont encore visibles.

Avec notre envoyée spéciale sur les Champs-Elysées, Lucie Bouteloup

Sur les Champs-Elysées, l’heure est au nettoyage ce dimanche 17 mars au matin. Partout, on recloue, on protège, on repeint. Mais la « plus belle avenue du monde » porte encore effectivement les stigmates des violences et des dégradations qui ont eu lieu en marge du XVIIIe acte des « gilets jaunes ».

Le Fouquet’s ravagé

Le luxueux restaurant le Fouquet’s, qui est situé au milieu de la célèbre avenue, a vu sa vitrine entièrement brisée, les auvents brûlés et l’intérieur a été également entièrement saccagé. Cette brasserie, où personnalités du monde des affaires et grandes fortunes ont leurs habitudes, avait pourtant été rénovée en 2017.

Tout autour également, du mobilier urbain endommagé, des abribus vandalisés et des kiosques à journaux brûlés. La quasi-totalité des vitrines de l’avenue ont également été dégradées et, ce, malgré les précautions des commerçants pour protéger leurs enseignes.

Slogans rageurs

Sur les palissades en bois et sur les immeubles, beaucoup de slogans apposés à la bombe de peinture, et qui révèlent bien la colère et la violence de leurs auteurs : « A nos pieds, vos têtes rouleront », « Pas de justice, pas de paix », « 15 mars fin du grand débat-16 mars suite du grand début ».

Beaucoup de boutiques ont également été pillées. C’est le cas notamment de celle du célèbre club de football parisien, le PSG. Rien ne semble donc avoir résisté aux casseurs, venus mettre à sac cette avenue des Champs-Elysées, symbole du luxe français.

Pourquoi ne pas avoir mené une politique préventive ?

Etait-il possible d’empêcher ces destructions ?  Pour Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat Unité-SGP Police FO, il aurait fallu mener une politique préventive : « Il aurait fallu décliner le service d’ordre différemment. Imaginez-vous tous les accès autoroutiers sur Paris. On mettait des barrages à tous les péages. On dissuadait. Ensuite, on pouvait éventuellement même faire d’autres contrôles en amont entre les sorties de péage et effectivement le périphérique. Ensuite, on filtre aux sorties des gares, aux sorties des aéroports, aux sorties des gares de bus, du RER... »

« Bien évidemment, on n’arrivera jamais au risque zéro, continue l’homme. Mais par contre, on peut le limiter ce risque. Aujourd’hui, on mélange malheureusement un peu de tout (…). Je dirais que c’est une question de méthodologie. Ça, Christophe Castaner l’a compris. Pourquoi ? Parce qu’il n’a de cesse de répéter qu’il veut revoir la doctrine du maintien de l’ordre. Et cela demande du temps, et malheureusement, aujourd’hui de part de l’état de « jachère » des effectifs, on est dans une situation de réaction. On n’est absolument pas dans une situation d’action. »

Qui sont les casseurs ?

Pour le sociologue Erwan Lecoeur, spécialiste de l’extrême droite, il y a plusieurs grandes tendances dans ces groupuscules : « La première, c’est les black blocs qu’on va appeler les groupes anticapitalistes, français mais aussi européens qui, par moment, se retrouvent au sein de manifestations, agissent très rapidement et font monter une stratégie de la tension à l’égard des forces de l’ordre et de tout ce qu’ils considèrent comme étant l’emblème du capitalisme : des banques, des grands restaurants. On a aussi, à l’inverse, des groupuscules qu’on va appeler d’ultra droite, qui sont clairement implantés dans ce mouvement depuis le début. On les reconnaît très nettement parce qu’ils ont des drapeaux, ils ont des emblèmes, des symboles. On reconnaît l’Action française, les camelots du roi de l’Action française, on reconnait Civitas. On voit aussi des Identitaires. »

« Puis, poursuit Erwan Lecoeur, entre les deux, on a une mouvance qui est de plus en plus connue, la mouvance conspirationniste et antisémite autour de gens comme par exemple Alain Soral. Et enfin, dernier point : il ne faut pas négliger, il y a aussi dans ces manifestations des « gilets jaunes » qu’on va appeler « radicalisés » depuis le début du mouvement, qui considèrent que la violence est la seule façon de se faire entendre, et qui sont en général désespérés parce qu’ils ont l’impression que le mouvement s’essouffle alors qu’ils n’ont pas obtenu ce qu’ils voulaient. Donc, ils se laissent entraîner souvent par ces groupuscules qui, eux, sont organisés en général. » (RFI)

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