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Deuxième audience publique de la CVJR : 12 victimes ont exprimé leur vécu

Deuxième audience publique de la CVJR : 12 victimes ont exprimé leur vécu

La deuxième audience publique de la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR), s’est tenue le samedi 05 décembre 2020 au Centre international de conférences de Bamako (CICB). La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence du Premier ministre, Moctar Ouane ; du ministre de la Réconciliation nationale, le colonel major Ismaël Wagué ; du président de la CVJR, Ousmane Oumarou Sidibé ainsi que plusieurs personnalités.

Ils étaient 12 victimes des atteintes au droit à la vie et à l’intégrité physique qui ont voulu partager avec l’opinion nationale et internationale ce qu’ils ont subi. Les survivants de tortures et de traitements inhumains, cruels et dégradants, les proches des personnes qui ont été victimes de meurtres ou d’assassinats, ont ouvert leur cœur, revivant des souvenirs douloureux et traumatisants. Pour beaucoup d’entre eux, c’est la première fois, qu’on leur permet de témoigner des atrocités vécues devant l’ensemble de la nation.

Depuis son accession à l’indépendance, notre pays a connu des rebellions armées, des coups d’Etat, des tentatives de coups d’Etat et des crises politiques qui pour la plupart ont occasionné des violations graves de droits de l’homme.

C’est dans ce contexte que la CVJR a été mise en place avec le mandat de « contribuer à l’instauration d’une paix durable à travers la recherche de la vérité, la réconciliation et la consolidation de l’unité nationale et des valeurs démocratiques ». Après la première audience publique en décembre 2019 sur le thème des atteintes au droit à la liberté qui a profondément ému nos compatriotes, voici que se tient

la deuxième audience publique sur le thème des atteintes au droit à la vie et à l’intégrité physique.

Dans son discours, le Président de la Commission vérité, justice et réconciliation, Ousmane Oumarou Sidibé a fait savoir qu’il faut reconnaitre qu’à des degrés certes divers, la plupart des crises que notre pays a connues ont été marquée par des atteintes au droit à la vie et à l’intégrité physique (assassinats, meurtres, tortures, traitements inhumains, cruels et dégradants).

Les assassinats et meurtres sont comme chacun le sait des crimes graves, mais les traitements cruels, inhumains ou dégradants sont également considérés comme des crimes au regard du droit international humanitaire et de notre législation nationale, a-t-il énoncé. Selon lui, l’audience publique n’est pas une audience judiciaire, néanmoins, elle est un espace d’écoute respectueuse, où les victimes ont un rôle de premier plan. C´est un cercle de solidarité, construit autour du récit, comme tant d’institutions traditionnelles au Mali. Elle permet surtout, a-t-il indiqué, de rendre aux victimes leur dignité, d’intégrer leurs récits à la mémoire nationale et de faciliter un début de guérison. « Il s’agit donc d’une contribution concrète à la promotion du dialogue, du pardon, de la réconciliation nationale et de la paix, toutes choses qui sont au cœur des missions assignées à la Transition », a-t-il déclaré.

Ainsi, le Président Sidibé a souligné que les douze témoignages entendus ne sont qu’un petit échantillon des 19 000 dépositions reçues dans leurs antennes régionales. C’est pourquoi il a salué le courage et la générosité de ces hommes et femmes qui ont accepté de partager leurs expériences avec la communauté nationale. De préciser que leurs témoignages ne visent ni à accuser tel ou tel régime, ni certains corps de l’Etat spécifiquement, ni même des groupes armés en particulier. « Il s’agit plutôt, de porter un regard introspectif sur nous-mêmes, afin de susciter une prise de conscience collective en tant que nation décidée à tirer les leçons du passé pour construire un avenir meilleur pour ses enfants. Car, la construction de la paix ne consiste ni à masquer la vérité, ni à ignorer le passé, mais à en tirer des leçons afin de rendre possible un futur plus apaisé pour nos enfants de Kayes à Kidal », a-t-il estimé. Il a insisté sur le jaillissement de la vérité afin que les victimes puissent pardonner. En outre, il a évoqué que d’autres pays ont connu la violence et les violations massives des droits fondamentaux, mais ils ont pu y mettre fin grâce à une prise de conscience collective.

Pour la porte-parole des victimes, Mme Fatoumata Touré, de la Coordination nationale des victimes (CNAV), a reconnu qu’à travers cette audience publique, la CVJR ne donne pas seulement une tribune pour parler de ce qui fait mal, elle offre l’occasion aux victimes de guérir des blessures visibles et invisibles qui sont plus douloureuses que les circonstances dans lesquelles elles sont survenues. « Je profite de cet espace pour remercier la CVJR qui chaque jour ne cesse de mettre des victimes au cœur de ses activités, certes nous ne sommes pas guéris de nos blessures», a-t-elle dit et d’ajouter qu’elles peuvent espérer avec cette structure pour faire connaître la vérité sur des faits jusque-là peu connus ou méconnus de certains. En outre, elle a demandé aux victimes d’oublier la haine qui leurs empêche de vivre pleinement et sainement, et aussi d’oublier la vengeance qui ne fera encore et encore que des victimes qui n’aspirent qu’à un retour à la normale.

Quant au Premier ministre, Moctar Ouane, il a salué la tenue de cette audience publique qui permettra aux victimes de s’exprimer afin que les souffrances puissent être partagées avec l’ensemble du peuple malien. Il a remercié l’équipe de la CVJR et l’ensemble de ses partenaires pour les efforts abattus pour arriver à cette deuxième audience publique. Il a rassuré que le gouvernement ne ménagera aucun effort pour  que la paix et la cohésion sociale puisse revenir partout au Mali.

Par ailleurs, Aguel’hoc dans le cercle de Tessalit,  Awkassa, Taghatert et Inekar-ouest, dans le cercle de Menaka, Bamba  dans le cercle de Bourem, Kel souk dans le cercle de Gao,  Echel et Tonka  dans le cercle de Goundam, Léré dans le cercle de Niafunké, Doungoura dans le cercle de Teninkou,  Binedama dans le cercle de Mopti, Sinda dans le cercle de Douenza,  Koumaga dans le cercle de Djenné, Koulongo, Ogossagou , Gangafani et Yoro dans le cercle de Koro,  Gouari, Djindo, Fangadougou  Baye, Kourkanda, Minima et Ouenkoro dans le cercle de Bankass, Sobane Da dans le cercle de Bandiagara ,Heremakono dans le cercle de Niono,  sont autant de cités martyrs qui ont subi d’horribles massacres. Cette liste est malheureusement loin d’être exhaustive.

M.O. COULIBALY

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