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Les Coups d’Etat en Afrique : Comment en sortir de manière heureuse ?

Les Coups d’Etat en Afrique : Comment en sortir de manière heureuse ?

Les responsables de juntes militaires l’affirment tous dans leurs déclarations. Les transitions qu’ils ouvrent constituent des parenthèses destinées à être fermées. Ils savent que le temps des régimes militaires est révolu et qu’il ne sera pas possible de poursuivre indéfiniment l’expérience, même à la demande des populations. C’est pourquoi ils retiennent des chronogrammes vers la fin de la période transitoire. Ils sont également conscients que la façon de sortir du pouvoir déterminera pour une large part leurs perspectives personnelles. Pour que la période d’exception soit gérée au mieux et qu’elle s’achève dans les meilleures conditions possibles, certains actes doivent y être posés et quelques étapes majeures sont à franchir.

Une junte doit avoir un souci majeur et constant pendant toute la période de la transition, à savoir la quête de l’unité de la Nation autour des dirigeants et de leurs objectifs. Cette période ne doit pas être politique ou perçue comme étant contre un quelconque acteur. Elle est particulière, non constitutionnelle, et sa caractéristique principale doit être la quête du consensus et de l’unité des forces vives. Dans le choix des hommes comme dans la fixation du cadre de travail, les dirigeants doivent avoir à l’esprit de rassembler.

La neutralité et l’équidistance vis-à-vis des acteurs politiques est un facteur d’unité. Les militaires ne sont pas des politiques et sont étrangers au fait partisan. Dans leurs actes de leaders de la transition, ils doivent avoir constamment ce principe cardinal à l’esprit. Ainsi, un exécutif constitué de cadres compétents et non partisans est une piste intéressante à explorer. Les acteurs politiques peuvent être membres du parlement de transition et animer les cadres de concertation avec les forces vives.

Dans la mesure du possible, les organes de transition doivent avoir un visage civil. Les militaires peuvent y exercer d’importantes prérogatives, telle que la prise en charge des secteurs relevant de leurs domaines d’activité, avec pour objectif une transition civile. Nos pays regorgent de personnalités d’envergure qui peuvent occuper ces fonctions.

L’organe exécutif formé sur une base de compétence et de désintéressement est gage d’une gouvernance de rupture et d’efficacité. Ce qui est de nature à renforcer la confiance des populations, marquant une rupture avec le passé. Il est souhaitable que cette rupture soit poursuivie jusqu’à la composition des cabinets ministériels et la désignation des responsables d’administrations. En étant transparente et objective dans le choix des dirigeants, la transition balisera utilement le chemin vers des réformes qui rendront ces actes irréversibles pour les pouvoirs futurs.

Les principaux décideurs de la transition doivent être des personnalités de compétence et de réputation incontestables. Ils doivent procéder à la déclaration et à la publication de leurs biens, être transparents sur leurs parcours et leurs actes de gestion. Ils doivent faire montre de rupture dans la communication avec les citoyens, être accessibles, humbles et véridiques. Ce qui assurera l’adhésion des citoyens.

La feuille de route de la période doit avoir un contenu clair, avec des objectifs précis et mesurables dans le temps. Un dispositif de communication permettra de suivre, à intervalles réguliers, la mise en œuvre du processus. Il s’agit à ce niveau de rassurer les populations et les partenaires sur la fermeté à respecter les engagements pris.

Dans le cadre de la feuille de route, certaines actions de réforme seront indispensables à conduire. Ceci pour permettre de baliser le chemin d’un redressement du pays et surtout, pour éviter que les démons du passé, à la base des coups de force, ne ressurgissent ultérieurement.

En fonction des contextes, une réforme constitutionnelle peut être envisagée pour aller notamment vers une démocratie plus aboutie, un meilleur équilibre des pouvoirs avec une réduction de ceux du Président ou encore l’obligation de reddition des comptes des responsables aux populations.

Les réformes électorales seront incontournables. Nous devons avoir plus de transparence autour de nos scrutins. Il est nécessaire d’aller vers une diminution drastique du poids de l’argent dans nos jeux politiques. Il convient d’instaurer les débats entre les candidats à tous les niveaux et placer les projets au cœur de la compétition électorale.

Des réformes sont à envisager dans le système de gouvernance. A tous les niveaux, les responsables doivent rendre des comptes avec la possibilité de les sanctionner. Ainsi le pouvoir d’abréger le mandat des élus (Président, maire…) doit être donné au peuple. En ce qui concerne les services publics, les systèmes d’évaluation par les usagers sont à mettre en place avec un impact sur la carrière des agents. Il s’agira en quelque sorte de remettre la satisfaction des attentes des populations au cœur de l’action publique et de soumettre les élites à leurs mandants.

En matière de justice, la période transitoire peut être mise à profit pour améliorer la transparence sur son fonctionnement et faire accélérer le traitement de certains dossiers emblématiques afin d’améliorer la confiance des citoyens en l’institution judiciaire.

En fonction du contexte, d’autres réformes peuvent être envisagées. Celles présentées précédemment forment le paquet minimum nécessaire pour améliorer la gouvernance de nos pays.

Les autorités de transition doivent enfin organiser les élections avec le souci de la participation de tous les acteurs et des efforts de transparence sans précédent. Elles doivent envisager une forte implication des partenaires et des organisations internationales pour accroître la crédibilité du processus et donc des résultats. Ce qui sera d’autant mieux acquis si leur neutralité et leur équidistance ne sont pas prises à défaut pendant le processus. Il est évidemment souhaitable que les acteurs de la transition ne soient ni candidats ni soutiens de candidats dans le processus qu’ils arbitreront.

En ce qui concerne la question des délais de la transition, cela est fonction des contextes et des pays. Une durée d’un à deux ans peut être suffisante pour mettre en œuvre le minimum nécessaire indiqué.

Durant la période transitoire, il est souhaitable que des relations saines et véridiques soient instaurées avec les partenaires. La clarté des intentions et la résolution dans la conduite des tâches faciliteront cela. Il est également souhaitable que les partenaires et les organisations internationales aient une appréciation objective de la situation des pays et fassent preuve de patience et de souplesse à leur égard. Cela est tout à fait possible sans se départir de l’objectif final de restauration démocratique. C’est avec le concours de tous que la transition réussira et chacun y a un rôle à jouer pour l’intérêt suprême de nos populations. (Troisième partie et la fin)

Moussa MARA www.moussamara.com

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