Lors de la prestation de serment du Colonel Assimi Goita comme président de la Transition, le Procureur général de la Cour d’appel de Bamako, Mamadou Timbo, a tenu un discours sincère dont Assimi doit se servir pour mener à bon port la transition. Il n’a pas ainsi maché ses mots sur les maux qui caractérisent aujourd’hui la justice malienne dont la corruption.
Selon le Procureur général de la Cour d’appel de Bamako, Mamadou Timbo, le problème central au Mali aujourd’hui c’est l’injustice dont la cause principale est liée à l’impunité persévérante et persistante. « J’allais même ajouter en qualificatif l’injustice triomphante et arrogante », dit-il. Depuis des décennies, des concitoyens abonnés à la course effrénée aux richesses donnant à notre jeunesse l’avenir de la nation de mauvais signaux, se livrent à des pillages systématiques des ressources et deniers publics et c’est en toute impunité. Pour lui, ceux qui sont les fossoyeurs de l’économie nationale, adoptent la stratégie d’associations de malfaiteurs, s’organisent pour mettre en situation d’échec permanant tous les rouages de l’État chargé de la défense des missions et de la bonne marche des affaires publiques, en amont et la sanction de la part des cours et tribunaux en aval à tous les comportements qui violent les règles de la bonne gouvernance économique et financière. Il fait savoir que la multiplication de la création de structures de contrôles tel que le bureau du vérificateur général, la CASCA, l’OCLEI, le pôle judicaire et économique ajoutés aux structures traditionnelles des inspections de contrôles de l’administration de l’État, fait que ces structures ne peuvent faire preuve d’efficacité et d’efficience. « Voilà pourquoi à notre emble avis, la lutte contre la corruption en particulier et contre toutes formes de délinquances économies et financières en général enregistrent quotidiennement des contres performances et des échecs au grand dam de ceux de nos concitoyens qui veulent rester patriotes », énonce-t-il.
Ainsi, le Procureur Timbo, laissera entendre que la justice qui est une institution sur laquelle compte la plupart des maliens pour redresser la situation de notre pays ne peut rien. « La justice ne peut rien si cet argent est en capacité de revenir pour semer sans vergogne la corruption au niveau des acteurs de la justice. On avait toujours dit que c’est la justice qui peut sauver notre pays, non, je dis l’État doit lutter efficacement contre la puissance de l’argent qui utilise ces procédés pour détruire l’État. La justice ne peut rien si cet argent détourné se retourne au niveau de la justice pour corrompre les acteurs de la justice », estime-t-il.
Par ailleurs, s’adressant au nouveau président de la Transition, le Procureur Timbo lui dira que l’esprit d’engagement et le serment prêté devant le peuple doit être un tableau de bord pour mener à bien la transition. Il lui suggère d’exercer ses fonctions dans l’intérêt supérieur de la nation. « Il s’agit d’abord de préserver en toute souveraineté le régime républicain, de respecter et de faire respecter la constitution, la charte de la transition et la loi », déclare-t-il. A ses dires, cette formule d’importance capitale sert à prévenir les dérives vers le régime anti-démocratique, tel que la monarchie, l’autocratie, l’oligarchie et d’autres régimes ici au Mali, comme ma famille d’abord, mes amis d’abord, moi d’abord. Avant de lui rappeler qu’il doit tirer les leçons de l’histoire récente de notre pays qui a abouti à la chute des régimes. Raison pour laquelle, le pouvoir ne doit faire l’objet ni de confiscation, ni de détournement encore d’abus ou d’excès, il doit être dirigé dans l’intérêt supérieur du peuple et la préservation des acquis démocratiques. Avant de conseiller que la sagesse appelle tous les dirigeants tous tenants du pouvoir la droiture, la probité, le sens aigu de la justice et la crainte d’Allah.
M.L. KONE
