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SOMMET DU G5 SAHEL : Le G5 Sahel ou le grand éléphant blanc estropié?

SOMMET DU G5 SAHEL : Le G5 Sahel ou le grand éléphant blanc estropié?

Du 15 au 16 février dernier s’est tenue la 7e session ordinaire de la conférence des chefs d’états et de gouvernement du G5 Sahel dans la capital tchadienne. Une occasion selon le président Macron de faire le bilan des engagements (allégeances) prises lors du sommet de Pau en France tenu l’année dernière. Il faut rappeler qu’on peut remarquer la monté considérable d’une certaines tensions politiques entre (ou dans) certains pays non négligeables du G5 Sahel et leur partenaire français. Des tensions qui se traduisent essentiellement par une augmentation inquiétante des sentiments anti français couronnés de manifestions ou de tentatives de démonstration contre la présence militaire française notamment au Mali. 

Les sommets de Pau et de N’Djamena s’identifient beaucoup en ce qui concerne les enjeux et l’agacement de l’Élysée plus en plus perceptible au vue des morts enregistrés dans les rangs des soldats de l’hexagone.

Si il y’a une certaine unanimité sur l’échec (a géométrie variable selon les zones) de l’intervention militaire de la France au sahel depuis 8 ans, il serait intéressant de se poser des questions sérieuses sur l’avenir stratégique de ladite intervention.

La France n’a pas vocation a resté au sahel disait le président Macron dans une intervention récente. La question au jackpot est de savoir si les autorités du G5 Sahel sont vraiment dans cette logique de retrait des troupes française? Si oui, planchent-t-elles sur quel timing de retrait? Il y’a-t-il une politique de stratégie de lutte anti terroriste générale et coordonnées des pays du G5 Sahel? Quid du financement des opérations? Qu’en est-il d’un angle de traitement de la question djihadiste par des pays à majorité musulmane du G5 Sahel? Ou va-t-on continué à l’appréhender sous l’angle de traitement des pays à majorité chrétienne comme la France? En tout cas, autant le dilemme est insurmontable, le constat est amer.

Le Sénégal et le Tchad font bonne figure

Le sommet de N’Djamena était une première, étant donné qu’il était élargi à d’autres pays qui ne sont pas officiellement dans le G5 Sahel. Au nombre de ces invités de grosses pointures (comme le Maroc, la Cote d’Ivoire, le Soudan, la RDC, le Ghana, les Emirats…) figurait le Sénégal, un autre pays très versé dans la religion musulmane, véritable plaque tournante diplomatique, économique et même scientifique de l’Afrique de l’Ouest. Moult observateurs avaient déjà pointé du doigt l’absence du Sénégal et de la Côte d’Ivoire de l’arsenal anti terrorisme de la sous-région. On peut dire que pour sa première participation, la présence du Sénégal s’est fait sentir à plus d’un titre. La présidence sénégalaise en a profité pour rappeler que le pays a contribué à hauteur de 1 milliards de FCFA dans les programmes d’urgences du G5 Sahel. Sans être un membre officiel, un tel financement peut être un gage d’engagement pour la sécurité de la région.

En outre, le président Macky Sall semble avoir un agenda plus offensif quant á la question militaire de la lutte anti terroriste. Il a préconisé de rendre la MINUSMA plus robuste avec des équipements plus adaptés.

Le point d’orgue du sommet de N’Djamena a été l’annonce faite par le président Idriss Deby de l’envoi d’un bataillon de 1200 hommes dans la zone des trois frontières (Mali-Burkina-Niger). Effet d’annonce? Ou véritable volonté du « président guerrier » de marquer la présidence tchadienne du G5 Sahel par un changement de rapport de force sur le terrain du combat contre le terrorisme dans le Sahel? L’armée tchadienne pourrait-elle combattre sur deux front en même temps (le fuseau Est où elle a remporté des victoires précaires contre Boko Haram, et maintenant le fuseau Ouest avec la zone des trois frontières où existent plusieurs groupes terroristes)? Toutefois, on peut admettre que le Sénégal et le Tchad ont fait bonne figure pour ne pas dire ont apporté du réconfort moral et psychologique au G5 Sahel.

G5 Sahel, un éléphant blanc estropié

On a beau dire que la lutte contre terrorisme doit être d’abord économique, mais on ne pourrait pas n’ont plus nié qu’elle est aussi idéologique surtout dans des pays majoritairement musulmans, pauvres avec des systèmes étatiques fantomatiques.

En dehors des analyses officielles, il est plausible de constater que l’échec de la stratégie de lutte anti terroriste dans le Sahel ressort pour beaucoup d’une dichotomie politique. Des pays faibles (économiquement, politiquement et militairement) à majorité musulmane, ayant un passé colonial douloureux, s’allient avec des pays forts, à majorité chrétienne, et qui étaient colonisateurs dans un passé récent. Des pays occidentaux qui symbolisent dans l’histoire contemporaine de l’opinion publique africaine l’invasion injuste de l’Afghanistan et de l’Iraq en 2003 et de l’enfer libyen sans oublié le meurtre médiatisé de Gaddafi en 2011 qui était un bienfaiteur aux yeux des populations africaines.

Ces pays décimés par des interventions des puissances occidentales sous prétexte de la lutte anti terroriste, ont la religion musulmane en commun avec les pays du G5 Sahel. Vu que ce dernier est le fruit de l’intervention française au Sahel, l’obstacle stratégique et moral est pratiquement insurmontable pour lutter efficacement contre l’idéologie et la rhétorique djihadistes.

On serait tenter de donner raison à l’auteur français Jean-Christophe Notin qui dans son ouvrage (LA GUERRE DE LA FRANCE AU MALI, aux éditions TALLENDIER 2014, pages 91) disait en rapportant les propos d’un ancien chef de la DGSE française : « …l’Elysée est incapable car tout simplement il ne comprend plus l’Afrique ». Le centre du pouvoir français semble ignorer que cette guerre des sables se fait principalement contre elle et ses choix diplomatiques, économiques et militaires dans le monde arabe depuis la fin de la guerre froide. La présence du « grand satan » sur les terres de l’Islam s’applique aussi aux pays du Sahel dans l’optique des théoriciens de la sois-disantes guerre sainte.

La situation pourrait même prendre d’autre tournure plus fâcheuse si les mouvements d’extrême gauche (anti français ou anti occidentaux) de certains pays sub-sahariens venaient à avoir des centres d’intérêts identiques à ceux djihadistes. Il faut rappeler que le même Jean-Christophe Notin a fait état des rencontres entre « une personnalité de l’opposition » malienne, l’Imam Mahmoud Dicko et les « Marxiste du parti SADI du Dr Oumar Mariko et des représentants djihadistes dans la région de Mopti à la fin 2012 (voir pages 160 du même ouvrage). Toute porte à croire que l’initiative du G5 Sahel à l’état actuel est un éléphant blanc estropié.

D. KINDA

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