Depuis le mercredi 09 août 2023, l’ex Président de l’Assemblée nationale, Issiaka Sidibé et quatre de ses collaborateurs séjournent à la prison centrale de Bamako Coura. Ils ont été placés sous mandat de dépôt par les juges de la Pôle économique pour atteinte aux biens publics, favoritisme, faux et usage de faux et complicité
Après leur audition le 14 juillet dernier, l’ancien Président de l’Assemblée nationale pendant le premier quinquennat de feu Ibrahim Boubacar Keita, non moins le beau-père de son fils Karim Keita, vient d’être incarcéré, le mercredi 09 août 2023. Il n’est pas seul dans cette affaire. Les autres personnalités arrêtées sont Modibo Sidibé, Secrétaire général de l’Assemblée Nationale et qui occupe le même poste pour le Conseil national de transition (CNT), Anfa Kalifa, ex-contrôleur financier à l’AN, Demba Traoré ex-comptable à l’Assemblée Nationale et Mamoutou dit Bavieux Touré, ex-Directeur du Service Administratif et Financier de l’AN, non moins l’actuel président de la Fédération malienne de football (Femafoot) dont les élections pour son deuxième mandat est prévue ce 29 août prochain. Ils ont été arrêtés dans le cadre d’une enquête pour atteinte aux biens publics, favoritisme faux et usage de faux et complicité. Selon des sources bien introduites, ils sont reprochés d’avoir détourné un montant de 17 milliards de FCFA dont 7 milliards non justifiés. Ainsi, il faut ajouter aussi que Mamadou Diarrassouba est aussi mis sous mandat de dépôt et les procédures sont engagées pour la levée de l’immunité par les membres du CNT à son encontre. On peut dire qu’en réalité les incarcérations de ces personnalités clés dans la gestion de l’hémicycle durant sept ans de 2013 à 2020 sont des signaux forts dans le cadre de la lutte contre la corruption dans notre pays.
Cependant on peut souligner que la lutte contre la corruption se poursuit à pas de caméléon. Certes, les maliens veulent l’instauration d’une vraie justice, condition sine qua non pour une société équitable et juste. Mais l’image de cette justice aussi est tâchée par certains juges corrompus qui sont plus dangereux que des voleurs des deniers publics. Il revient toujours à la justice de fouiller dans la gestion du pays pour déceler tous les cas de corruption et punir les auteurs conformément à la loi. Outre, ces arrestations doivent être un message fort pour ceux qui sont dans la gestion du pays aujourd’hui voire ceux qui viendront après car personne ne doit être épargnée devant la justice. Cela doit être valable pour les juges corrompus pour que le peuple malien ait confiance en la justice.
Les conséquences de la corruption
Par ailleurs, il faut ajouter que dans notre pays la corruption a enraciné ses tentacules dans le tissu même de la société, laissant derrière elle une traînée de conséquences dévastatrices. Ce fléau insidieux a miné la confiance du public dans les institutions, sapé le développement économique et social, et créé un cercle vicieux de pauvreté et d’injustice. On peut souligner que ses racines remontent à de nombreuses années, lorsque des pratiques illicites ont infiltré les différentes strates du gouvernement et des entreprises. Les pots-de-vin, les détournements de fonds et les abus de pouvoir sont devenus monnaie courante, sapant la légitimité des dirigeants et des institutions. Cette culture de l’impunité a généré un climat où les individus talentueux sont souvent exclus au profit de ceux qui peuvent se permettre de soudoyer les autorités.
Toutefois, retenons que les conséquences de cette corruption généralisée sont multiples et profondément préjudiciables. Tout d’abord, le développement économique est sérieusement entravé. Les investisseurs étrangers hésitent à s’engager dans un environnement où la corruption est endémique, craignant les risques associés aux pratiques déloyales et aux retombées juridiques. Cela a pour résultat un manque d’investissements cruciaux, ralentissant la croissance économique et limitant les opportunités d’emploi pour la population.
Seydou K. KONE
LE FLAMBEAU