Depuis un certain temps, les autorités de la transition ont entamé la dissolution de certains partis politique et associations qui osent critiquer la transition ou sa gouvernance. Cela sous-entend que les autorités de la transition, dirigée majoritairement par les militaires tend vers la dictature ? En tout cas, c’est la question qui taraude aujourd’hui les esprits. En effet, après la dissolution de l’association « Kaoural Renouveau », le gouvernement via son ministre de l’Administration territoriale vient de dissoudre l’Association dénommé « Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de l’Imam Mahmoud DICKO ».
L’information a été donnée lors du conseil des ministres du mercredi 28 février 2024. En effet, le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Colonel Abdoulaye Maïga, a informé le Conseil des Ministres de la dissolution de l’Association dénommé « Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de l’Imam Mahmoud DICKO ». Selon lui, la dissolution des associations par le Conseil des Ministres est prévue et réglée par les dispositions de la Loi n°04-038 du 05 août 2004 relative aux associations. Alors, il fait savoir que la CMAS est une association qui depuis un certain temps s’adonne à des activités contraires à ses objectifs et à son statut. Selon le ministre Maïga, la CMAS, créée en vue d’œuvrer pour la stabilité et la paix sociales, s’est transformée en un véritable organe politique de déstabilisation et de menace pour la sécurité publique, comme en témoignent la sortie médiatique de son Coordinateur Général, le 07 octobre 2023, suite à l’annonce du léger report de l’élection présidentielle et la tenue de propos de dénigrement des autorités de la transition sur une chaîne de télévision privée.
Les raisons évoquées
En outre, ajoute-t-il, le parrain de la CMAS, s’adonne clairement à des activités subversives susceptibles de troubler l’ordre public, notamment à travers ses récentes visites à l’extérieur et ses rencontres officielles avec des personnalités de puissances étrangères sur des questions d’intérêt national sans l’autorisation des autorités du Mali. Cette circonstance constitue un manquement aux dispositions statutaires de la CMAS et une atteinte aux intérêts supérieurs du pays. Ainsi, le ministre Abdoulaye Maïga avance qu’il convient de signaler que la CMAS, de la délivrance de son récépissé à nos jours, n’a jamais déposé ses rapports d’activités, ni informé l’Administration des changements et modifications intervenus en son sein. Cette situation est contraire aux dispositions de la loi relative aux associations. De ce fait, les leaders de la CMAS déclarent qu’ils ont pris acte de cette décision et appelle leurs partisans et sympathisants à rester calme avant qu’ils ne reçoivent ladite décision officiellement. Par ailleurs, il est à souligner que le parrain de la CMAS qui est l’Imam Mahmoud Dicko est l’un des acteurs de la chute du régime d’IBK, qui à plonger le pays dans une transition. En outre, il est crucial de rappeler qu’une semaine avant c’était la dissolution de l’Association dénommée « Kaoural Renouveau ». De même, certains partis politiques sont dissous sous cette transition dont le parti SADI de Oumar Mariko. Rappelons aussi que c’est ce dernier qui a fait appel, publiquement, lors du dernier meeting du M5-RFP aux militaires de faire le coup d’État.
Le rappel de la CNDH
Par ailleurs, face à ces différentes dissolutions des associations et partis politiques, qui constitue un acte antidémocratique, le Président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), Aguibou Bouaré s’est exprimé dans un communiqué en date du 05 mars 2024. Selon lui, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) reste préoccupée face aux menaces sérieuses pesant sur l’exercice de certains droits civiques et politiques, notamment la liberté d’association. « Elle s’indigne contre la tendance systémique de dissolution et/ou de suspension de partis politiques et/ou d’associations », déclare-t-il. Il rappelle les autorités de la transition certains principes en se fondant, entre autres, sur la Constitution du 22 juillet 2023, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Raison pour laquelle, le Président Bouaré souligne que la CNDH rappelle les responsabilités de l’État sur la protection des citoyens, et sur la garantie des libertés fondamentales comme la liberté d’association, conformément à la réglementation, en tout temps, en tout lieu et en toute circonstance. Ainsi, elle attire l’attention sur le fait que l’exercice des droits civiques et politiques ci-dessus évoqués constitue l’essence d’un Etat démocratique respectueux des droits de l’Homme. D’inviter les populations, les hommes de médias et les utilisateurs de réseaux sociaux à éviter tout propos incitatif à la haine et à la violence. Avant de recommander aux autorités de persévérer dans la quête de la concorde sociale et d’une paix durable.
Seydou K. KONE