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Me Alassane Aldior DIOP : De la régulation du débat politique à la vacuité de la HAC au Mali

Me Alassane Aldior DIOP : De la régulation du débat politique à la vacuité de la HAC au Mali

Qu’est ce qui a bien pu faire sombrer notre très solennelle Haute Autorité de la Communication, la HAC dans l’insignifiance d’un régentisme de bas étage dans la désormais tristement célèbre affaire de Djoliba TV ?

De la régulation à la régence, il n’y a qu’un pas.

Du gardien des vertus de la République au camelot du prince du jour, il n’y a qu’un pas .

Il y a urgence à agir et à dire non pour la Défense de la république, de la liberté d’expression, du droit à l’information, de l’indépendance d’une presse libre et démocratique, de l’émergence d’un véritable 4em pouvoir par la dépénalisation totale des délits de presse .

Dans un communiqué d’une vacuité sans précédent au sens étymologique  du terme , vide intellectuel, la haute autorité de la communication, s’en prend à un organe de presse et un journaliste , sommés de s’expliquer sur l’emploi «d’expressions à forte connotation péjorative »  à l’endroit des autorités de la transition d’une part et d’autre part pour avoir eu le front de la rappeler elle en sa qualité de régulateur à l’exercice pleine et entière de ses prérogatives de la régulation du secteur de la communication audiovisuelle, de la presse écrite, de la publicité par voie de presse audiovisuelle et écrite, de la distribution, de la mise à disposition et  la commercialisation d’images par voie hertzienne terrestre, par satellite ou par câble et dans le secteur des technologies de l’information et de la communication.

Si j’en juges par l’immensité des missions assignées à ce régulateur dans le Mali d’aujourd’hui où l’Etat est affaibli,  absent sur bien des pans de son magistère et que notre jeunesse est livrée à elle-même, perdue et écartelée entre activistes de tous poils et prophètes mégalomanes et bonimenteurs, je crois rêver et assister , moi qui suis un enfant de la révolution de mars 91,  à la seconde mise à mort de nos martyrs,  morts pour rien finalement si on a plus le droit dans le Mali d’aujourd’hui de dire non tout  simplement pour le plaisir de dire non et d’aller à contre -courant selon ses désirs et sa volonté.

Dans une république démocratique , comme celle du Mali, qu’est ce qui doit compter le plus pour nous ?

La défense des principes ou la defense du prince?

Qu’est ce qui doit importer pour nous ?

Construire une démocratie virile qui s’exprime et s’épanouit dans l’équilibre des contestations dialectiques ou bâtir le règne de la pensée unique , linéaire et uniforme dans lequel toute idée dissonante serait péjorative et considérée comme une insolence indécente et intolérable qu’il faut punir pour donner l’exemple ?

Que fait la HAC aujourd’hui pour la defense des valeurs de la démocratie à savoir, la laïcité, les libertés d’associations, et d’opinions, la deconstruction méthodique de notre identité culturelle pluraliste ?

Que fait la HAC pour la protection du jeune public malien face à la profusion des programmes de tout genres diffusés sur nos télés et dans nos radios ?

Que fait la HAC pour protéger le consommateur malien contre le cancer de la publicité mensongère et le prosélytisme religieux dont le Mali serait sans conteste le paradis du terre  ?

Chaque jour, des charlatans prennent d’assaut les trois milles radios sur territoire du Mali,  chacun promet la fortune , le succès , la guérison du cancer , la cécité, le diabète et toute autre maladie imaginaire. Le modis operandi est toujours le même , dès que le charlatan apparaît des complices rabatteurs appellent via les  ondes de la radio pour confirmer telle ou miracle et la machine se met en place , chacun aura sa part dans la recette journalière , la radio , les  rabatteurs et le charlatan lui-même.

Je suis écœuré par le silence coupable de la HAC qui est totalement absente sur ce registre, la prévention et la protection des citoyens contre la manipulation des masses.

La publicité mensongère fait des ravages chez nous et ce dans un silence sidérant .  Tout le monde est pris dans la nasse . Et le plus grave c’est la situation des plus fragiles , ceux qui n’ont plus le choix comme le lot des grands malades qui arrêtent tout protocole médical pour aller littéralement mourrir chez des faux prophètes dont les miracles sont  contés à longueur de journée dans les radios et sur les réseaux.

C’est vrai qu’il est impossible d’empêcher les citoyens de croire ou de ne pas croire mais inversement il est tellement facile pour la HAC de sommer, suspendre et faire arrêter la propagande désastreuse par voie de presse  interposée.

Cela assurément constitue une œuvre de salubrité publique qui peut être porté au crédit d’une HAC forte et impartiale .

Je suis écœuré quand j’assiste à mon corps défendant à ce débat honteux mené  publiquement sur les réseaux sociaux sur l’art notamment la musique quand on sait qu’au Mali , la classe sociale des griots vit de cet art séculaire depuis la nuit des temps.

Moi, je suis fier d’appartenir à la nation multiculturelle et multiconfessionnelle de Bazoumana SISSOKO dit Bazoumana Ba dont la voix et le son du gonni royale ne nous parlent , Siramory DIABATÉ, Djeli Bana Sissoko , Tara BOUARÉ, Haïra Arby  qui ont porté haut la culture du Mali à travers le monde .

Je suis fiers de tous ces derniers résistants qui ont encore le courage et la dignité de rester tels qu’ils sont en application de l’article 1er du Kouroukanfouga qui divise la société du mandén et assigne à chaque groupe social un rôle spécifique.

Toutes les attaques  par de voie de presse interposée aux croyances  et au savoir-faire des citoyens pour quelque motifs que ce soit sapent les fondements de notre société et mérite une réaction de la HAC.

J’ai peur pour ce pays.

Je termine par ces mots  prémonitoires: l’intérêt pour l’anarchie  augmente à mesure que la République s’éloignera de la protection du Bien Commun, de la défense des  principes pour faire l’apologie des princes consorts.

La HAC doit veiller en  toute indépendance et en toute impartialité, au respect de l’expression de la démocratie et de la liberté de la presse sur toute l’étendue du territoire et à  l’accès des citoyens à une communication libre.

La HAC, c’est le respect et la protection des droits et libertés individuels. Elle peut s’autosaisir mais elle ne peut et ne doit le faire selon une jurisprudence constante universelle qu’en cas d’extrême urgence et motif grave.  Ici , la connotation péjorative ne peut nullement justifiier l’extrême urgence et le motif grave.    

Aujourd’hui plus que jamais, moi aussi je suis Attaher Maiga et Djoliba TV.

Me Alassane Aldior DIOP

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