Issa Kaou N’Djim l’un des anciens leaders du Mouvement du 05 juin, rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), non moins 4e vice-président du Conseil national de la Transition (CNT) est arrêté, le mardi 26 octobre 2021, par la gendarmerie sur instruction du procureur du Tribunal de la Commune IV, pour des ‘’ propos subversifs sur les réseaux sociaux ». Après 48 heures, il est mis sous mandat de dépôt et son jugement est prévu aujourd’hui vendredi 29 octobre. Cette arrestation n’a pas laissé certains indifférents car ils estiment que la transition est en train de violer le principe de la démocratie et le droit universel dont la liberté d’expression. Pour d’aucuns, cette arrestation est due aux critiques de ce dernier contre le processus de la transition précisément l’actuel Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga.
Commerçant de son état, il a fait son apparition sur l’arène politique suite aux différents mouvements de contestation du M5-RFP contre le régime de l’ancien président de la République, Ibrahim Boubacar Keita. Il faut reconnaître qu’il est l’un des leaders qui aura joué pleinement son rôle tout comme son ancien compagnon l’actuel Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga. Après le renversement du pouvoir par quelques militaires putschistes, ils ont procédé à la division pour régner. C’est ainsi qu’une partie du M5-RFP s’est alliée du côté des militaires et l’autre partie s’est opposé farouche aux militaires dont l’actuel PM. Tout récemment, ce dernier avant sa nomination était aussi un farouche opposant qui n’a cessé de critiquer sévèrement les militaires putschistes au pouvoir dont leur chef Colonel Assimi Goita. En effet, après son divorce avec son beau-père, son guide spirituel dont il était le porte-parole, Issa Kaou N’Djim a été exclu de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS) de l’imam Mahmoud Dicko, dont il était l’un des fondateurs. Suite à cela, il a immédiatement créé son propre mouvement Appel citoyen pour la réussite de la transition (ACRT) pour soutenir ouvertement la réussite de la transition notamment le vice-président, le Colonel Assimi Goita qu’il qualifiait de vrai ‘‘ patriote, imperturbable ». Il avait incité ce dernier à se porter candidat pour les élections présidentielles, chose interdite par la charte de la Transition.
Revirement à 90 degrés
Au fait, Issa Kaou N’Djim est qualifié par certains comme un » mal nécessaire ». Car, il a joué un rôle prépondérant dans les mouvements de contestations contre le régime. Il a vociféré en dénonçant toutes les malversations du régime d’IBK. Après le coup d’État, l’homme s’est rapproché des militaires au pouvoir notamment du Colonel Assimi Goita et de Malick Diaw. Depuis, il n’a jamais cessé de critiquer la gestion du premier président de la Transition, Ba N’Daw qu’il a jugé incompétent. Suite au second coup d’État de la même transition, Assimi Goita est devenu président de la Transition et Choguel Kokalla Maïga, l’ancien président du Comité stratégique du M5-RFP son premier ministre pour rectifier la trajectoire de la transition, selon eux. Chose qu’Issa Kaou N’Djim n’a pas encaissé, arguant que Choguel est incompétent pour gérer la transition et n’a fait les luttes que pour avoir seulement le poste de la primature afin de se venger. Dès lors, le courant ne passe plus entre Issa Kaou N’Djim et son imperturbable patriote, Assimi Goita. A chaque prise de parole, il exprime ses opinions en répétant que Choguel est incompétent et qu’il est en train de conduire le pays vers le chaos notamment en déclarant la guerre à la France et à la CEDEAO. Pour lui, cet héritier de Moussa Traoré ne fait que du populisme en faisant de la récupération politique pour ses intérêts. Pour Kaou N’Djim, depuis sa nomination Choguel ne fait que des manigances pour prolonger la transition.
Divergence d’opinions sur son arrestation
Pour M. Ousmane Traoré, Issa Kaou N’Djim devait être arrêté, car ce n’est qu’un perturbateur de la transition. « Je veux même qu’il soit radié du CNT pour une bonne fois. Il est loin d’être digne sinon il ne devrait y avoir de polémique entre lui et son beau-père jusqu’à étaler cela sur les réseaux sociaux », ajoute-t-il. Quant à Alassane Bagayogo, cette arrestation est une violation de la liberté d’expression. Pour lui, il n’y a aucun propos subversif dans sa dernier sortie médiatique. « Pour moi il a exprimé son opinion sur l’expulsion du représentant de la CEDEAO au Mali. Pourtant, les autorités n’ont pas intérêt à déclarer la guerre à la CEDEAO. Si elles ne font pas attention, les populations vont se soulever et ce sera un autre chaos. Si elles pensent que la population va accepter de souffrir pour qu’ils soient à l’aise, elles se trompent. D’ailleurs, ces autorités devraient renoncer soit à leur salaire soit à sa moitié. On assiste chaque jour à la cherté de la vie et imaginez une autre sanction économique de la CEDEAO et de ses partenaires ce serait l’asphyxie du peuple malien », précise-t-il.
Par ailleurs, depuis son arrestation son avocat, Me Kassim Tapo a demandé sa libération immédiate à cause de son immunité parlementaire, en tant que membre du Conseil national de la transition. Aussi son mouvement a condamné cette interpellation, parce qu’il estime que la liberté d’expression et d’opinion est le fondement de toute démocratie. Même son de close pour le Parti pour la renaissance nationale (PARENA) qui exige sa libération sans condition et que le pouvoir cesse de faire planer sur les têtes du peuple l’épée de la privation de la liberté d’expression.
M.L. KONE
