Le magistrat Cheick Mohamed Chérif Koné non moins, le Président de l’Association malienne des procureurs et poursuivants (AMPP), membre organisationnel de l’Association internationale des procureurs et poursuivants (AIPP), s’est présenté, le 03 mai 2023, devant le procureur de la Commune 5. Cette interpellation est la matérialisation de la demande de l’actuel ministre de la Justice, Mamoudou Kassogué. Ce dernier avait demandé il y a une semaine l’ouverture d’une enquête disciplinaire et judiciaire contre les magistrats Cherif Koné et Dramane Diarra pour des faits supposés d’opposition à l’autorité légitime.
Pour le magistrat Cherif Koné cet acte du ministre de la Justice, Mamoudou Kassogué, est un acte d’intimidation mal à point ne leur fera fléchir dans leur noble lutte commune pour sauver le Mali, tant que leurs actions seront conformes à la Constitution en vigueur et aux lois de la République. « Sans nul doute nous saurons encore faire vouer à l’échec cette autre cabale sur fond de malveillance. Inchllah. Nos conseils tous de grands professionnels déjà avertis sont bien préparés pour cette bataille juridique et judiciaire qui s’annonce », a déclaré le président Cherif Koné.
Par ailleurs, dans une lettre d’explications, le président Cheick Mohamed Chérif Koné a remercié ses confrères et sympathisants par leurs soutiens multiformes combien réconfortants, que la noble lutte qu’ils mènent actuellement ensemble, pour sauver le Mali des conséquences de la remise en cause de la forme républicaine de l’État et de l’indépendance de la magistrature, doit être conduite avec détermination. Selon lui, l’option démocratique étant irréversible pour le Mali, le retour à l’ordre constitutionnel, vivement souhaité par tout démocrate sincère et républicain convaincu, s’impose comme condition sine qua non permettant à notre pays de renouer avec la communauté internationale et de reprendre sa place dans le concert des nations. De par les nombreuses récriminations, indique Président Koné, il est évident que cette transition dont nous avons tous souhaité la réussite, est en déphasage avec ses missions clairement définies par la Charte de la transition, laquelle est le seul acte juridique qui l’organise. « Quoique devenue, contre toute attente, une source de terreur, de psychose et d’anxiété, voire une menace réelle et sérieuse à l’État de droit, de par les velléités d’instrumentalisation de la justice, en vrais démocrates, nous devons rester catégoriques, voire intraitables dans notre refus de donner la moindre caution à des pratiques rétrogrades dignes de la dictature et de l’État de non droit », a-t-il déclaré.
En outre, pour lui, il est fort regrettable que le ministre de la justice, magistrat de son état, au lieu de conseiller le président de la transition dans le bon sens soit devenu inexorablement le porteur de toute cette entreprise illégale que le peuple rejette sans concession ni ménagement. Constituant la principale plaie de la transition, c’est l’image même du magistrat malien qui est encore ternie. Ses sorties maladroites, loin de le grandir, ne font point honneur à son corps. Elles étalent plutôt son manque d’humilité et de sagesse. Lorsque le premier responsable de l’administration de la justice se croit suffisant quand bien même qu’il brille par son ignorance des notions élémentaires du fonctionnement de l’administration du service public de la justice et par son manque de maîtrise des règles de procédures, il ne présente rien d’autre qu’un danger public, a-t-il énoncé.
Pour sa convocation, le président Cherif Koné a fait savoir que pour des raisons évidentes, il n’y a pas lieu à s’inquiéter à ce stade, en ce que le Mali a souscrit à toutes les conventions internationales qui protègent le Magistrat. Des dispositions pertinentes de ces conventions ont été intégrées dans notre droit positif, notamment dans le code de procédure pénale et le statut de la magistrature. « Pour vous en convaincre, les articles 614 et 616 du Code de Procédure Pénale sont assez édifiants selon que les faits qu’on reproche au magistrat aient été commis hors l’exercice ou dans l’exercice de ses fonctions », a-t-il rappelé.
M.L. KONE