Header ad
Header ad

Coup d’État au Mali: les populations s’expriment

Coup d’État au Mali: les populations s’expriment

Le mardi 18 août 2020, le Mali a enregistré son quatrième coup d’État depuis son accession à la souveraineté internationale, à travers une mutinerie déclenchée par des hauts gradés de l’armée. Le président déchu, Ibrahim Boubacar Keita est arrêté à son domicile à Sébenikoro, amené à Kati où il annonce à la télévision nationale sa démission et celles du gouvernement et la dissolution de l’Assemblée nationale. De ce fait, la CEDEAO a infligé un embargo sur le Mali avant de l’alléger après ses rencontres avec le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) mis en place par les auteurs du coup d’État. Eu égard, nous avons rapproché quelques populations pour nous imprégner de leur état d’esprit face à cet énième coup d’État. 

1) Que pensez-vous du renversement du régime d’IBK par les militaires ?

Abdoulaye TRAORE, citoyen : « Le renversement du régime IBK par les militaires est un acte qui a mis fin à un problème de gouvernance que les acteurs ne pouvaient plus tenir face aux multiples contestations qui remontent à l’élection présidentielle de 2018. Cette élection plus contestée a soulevé le fond de la mal gouvernance du régime caractérisée par une corruption au niveau des services publics. Les grèves des différentes corporations n’ont pas pu être atténuées par le Président IBK. La dernière élection législative fut une plaque tournante pour que plusieurs sensibilités sociales s’insurgent contre les résultats finals jusqu’à la formation d’un mouvement de contestation qui regroupait des politiques, des civils et certains syndicats de la police. Dans le souci d’apaiser les esprits le président malgré sa volonté, n’a pas su trouver une solution à la malienne. Et les différentes sorties des contestataires n’ont pas laissé indifférent ceux qui ont la charge régalienne de défendre et de protéger le peuple malien, il s’agit  bien entendu des militaires. La marrée humaine qui foulait le boulevard de l’indépendance a été un facteur de plus pour que les militaires récupèrent le pouvoir des mains des politiques afin de revoir le fondement réel du pouvoir démocratique malien ».

2) Selon vous quelle serait la cause de ce coup d’État ?

Ibrahim CISSE, citoyen: « Je pense que les deux derniers coups d’État du Mali sont les résultats de la mauvaise gestion de l’État et de la mal gouvernance. Depuis 1991, date de l’avènement de la démocratie dans notre pays, les acteurs de cette démocratie ont mis ce pays dans le pétrin. Les maliens ont élu Alpha Oumar Konaré à la magistrature suprême du pays en espérant qu’il sera celui qui va bâtir un nouveau Mali et le faire émerger. Malheureusement, cela a été un chaos sur plusieurs plans. L’éducation a été bafouée, les biens publics dont certains services publics ont été privatisés, la corruption et les détournements de fonds sont devenus une norme pour les autorités maliennes. Aussi, l’une des causes de ce coup d’Etat est le fait qu’Ibrahim Boubacar Keita à l’époque président de la république a limogé un de ses gardes rapprochés. Ce qui a mis les militaires en colère qui, conscients de la mauvaise situation du pays et conscients des rassemblements et violences fréquentes dans le pays décident d’aller arrêter le président et ensuite le pousser à démissionner ».

3) Est-ce que ce coup d’État sera un moyen de sortir le Mali de la crise multidimensionnelle qu’il traverse depuis 2012? 

Assad TOLO, citoyen : « Ce coup d’Etat permettra au Mali de sortir de la crise, car on constate que depuis plus de 7 ans  la violence, l’impunité, la frustration, la tricherie, l’injustice et surtout la corruption sont devenus des pratiques courantes dans notre pays. On a espéré pendant ces dernières années que cela allait diminuer avec la venue d’IBK, chose qu’il a promise avant son élection raison pour laquelle il a été élu. Bref les militaires sont à féliciter pour ce renversement de régime de  mal gouvernance. Je suis sûre que cette transition qu’il y ait à sa tête un militaire ou un civil sera bien assurée. Après l’élection, le nouveau président qui viendra, sera équitable, ordonné et impartial sinon nous les maliens on se chargera de le ramener à l’ordre ».

4) Que pensez-vous des militaires qui ont fait ce coup d’État et ils seront-ils à la hauteur des ententes du peuple Malien ?

Fatoumata BAH, citoyenne : « Les militaires qui ont fait le coup d’état ont jusque-là été convaincant par leur façon de faire et de communiquer donc nous pouvons rester optimiste sur ce sujet même en tant que président ils pourront diriger correctement le Mali ».

5) Que proposez-vous comme solution pour qu’on ait un nouveau Mali ?

Dramane COULIBALY, enseignant: « Il faut un redressement c’est-à-dire il faut que nous refondons le Mali et changeons les comportements du peuple malien. Pour qu’on ait un nouveau Mali il faut qu’on restaure la bonne gouvernance et qu’on lutte contre la corruption laquelle freine le développement d’un pays. Aussi, il faut instaurer la justice et bannir l’injustice et l’impunité. C’est pourquoi je demande aux acteurs du coup d’État ou les hommes et les femmes qui vont former le gouvernement de la transition de faire tout pour faire l’audit de la gestion de sept (7) ans de l’ancien président IBK. Qu’ils rattrapent toutes les personnes sans exception ni discrimination et les traduisent devant les juridictions compétentes, et emprisonnent ceux qui seront coupables de détournement du denier public et de malversation financière. En outre, il faut qu’on instaure une bonne éducation, sans laquelle le pays va plonger toujours dans le chaos. Il faut savoir qu’avec une bonne éducation le pays aura des cadres valables, des élites honnêtes et dignes pour se construire et faire face aux défis du moment ».

6) Quelle durée proposez-vous pour la transition ?

Madou DIARRA, citoyen : « Le reste du mandat officiel de IBK. Comme j’ai si bien dit d’après la convention, vu la situation le terrain n’est pas prêt pour organiser des élections. En somme les militaires en tant qu’une partie du peuple font partie des grands acteurs de la souveraineté nationale de ce fait pour éviter la présence des porteurs d’uniforme aux affaires démocratiques, il faut nécessairement une refondation de l’Etat malien qui passe par une  révision constitutionnelle afin de corriger toutes les insuffisances qui fait souffrir le peuple malien ».

7) Que préférez vous à la tête de la transition, un militaire ou un civil ?

Kadi KEITA, citoyenne : « Au regard de cette problématique nous pouvons avoir deux définition qui est le militaire et le civil. Un militaire est une personne qui pour l’amour de son pays s’engage dans l’armée afin de défendre et protéger sa nation. Le civil est un citoyen vivant dans un Etat dont il a la nationalité. Ces deux personnes jouent un rôle important dans un pays. En écoutant ou regardant la télé on sait que le Mali se noie à cause de la mauvaise gestion de nos dirigeants. Donc pour redresser cette situation, la transition doit être conduite par un civil. En effet, le civil malgré tout  de son défaut, semble bien placé plus que le militaire pour occuper cette place par ce que la politique n’est pas pour le militaire. Donc je préfère le civil à la tête de la transition ».

8) Selon vous quelles doivent être les priorités de la transition ?

Bréima TRAORE, comptable : « Dans l’état actuel de notre pays j’estime que les priorités du gouvernement de la transition doivent être de faire face aux défis du pays. D’abord, mener les dialogues avec les syndicats des enseignants pour sauver l’année et aussi mettre en place des mécaniques pour éviter le même scenario les années à venir. Ensuite, la crise sécuritaire au nord et surtout au centre du pays. Les militaires qui ont fait le coup d’État doivent avoir un plan, une stratégie pour lutter efficacement contre les terroristes et mettre fin à la crise intercommunautaire au centre du pays. En fin, les grognes sociales. Vous savez que plusieurs préavis de grèves étaient sur la table du gouvernement de Boubou Cissé, alors ces préavis seraient une patate chaude sur la palanche du gouvernement de transition, surtout qu’on a l’habitude de dire que l’État est une continuité. Ils doivent mettre en œuvre les conclusions du dialogue politique inclusif tenu en décembre 2019. Je crois que cela permettra de procéder à la révision constitutionnelle, le code électoral pour pouvoir organiser des élections non seulement présidentielles mais aussi législatives crédibles, transparences. »

9) Comment vous voyez les conséquences de l’embargo de la CEDEAO sur le Mali ?

Ousmane DIARRA, commerçant : « Le Mali est un pays enclavé. Alors, nos marchandises sont importées à travers les ports de certains pays voisins. Les conséquences de l’embargo sont lourdes, car nous serons en manque de certaines choses. Le peu qui reste verront leur prix augmentés. En réalité, c’est la population lambda qui ramassera les pots cassés de ces sanctions de la CEDEAO. Mais on peut dire Dieu merci, car ledit embargo a été allégé parce qu’il ne frappe pas les médicaments, les carburants et autres produits de premières nécessités. Moi je vois nos pays africains comme des pays emprisonnés, car ils ne peuvent rien sans les occidentaux. Imaginez que s’il n’y avait pas la présence des forces internationales, les fonctionnaires internationaux dans notre pays, les fonctionnaires maliens n’allaient pas percevoir leur salaire. Tu sais pourquoi, parce que nos opérations bancaires sont contrôlés par la France. Par ailleurs, je dirai à la CEDEAO de lever leur embargo et à ses soi-disants présidents de songer à l’instauration d’un système de bonne gouvernance,  seul moyen, pour éviter le soulèvement du peuple contre un régime et aussi l’intervention militaire pour renverser le régime. »

10) A votre avis, ce coup d’État sera-t-il le dernier au Mali ?

Mariam SANOGO, économiste : « Je ne pense pas tant que l’ensemble du peuple n’adopte pas une conscience collective pour aimer le pays, travailler pour son développement, faire un rempart contre la corruption et la malversation financière. Le coup d’État devrait être le dernier mais malheureusement, le président élu dont par les électeurs maliens, en considéré comme un messie, a été un désespoir car il a déçu ses électeurs. C’est IBK qui incarnait l’espoir, devait travailler pour sortir le pays de l’ornière au lieu de laisser ses amis, ses porches et ses enfants dilapider les maigres ressources du peuple malien. D’ailleurs, lui-même avait dit que Kati ne fera plus peur à Bamako, mais il n’a pas pu tenir ses promesses, il a perdu le contrôle du pays. Regardez, dans peu de temps, ces militaires qui ont fait ce coup d’État vont s’enrichir, et  s’élever au grade supérieur de l’armée, facilement. Cette situation va faire tourner la tête d’autres militaires qui vont aussi penser à faire un coup d’État peut être dans quelques années après celui de cette année. Je propose que ces militaires suivent la procédure normale pour être gradés et qu’ils ne se permettent pas de s’octroyer des avantages, sinon cela va créer un sentiment de jalousie au sein de notre armée. »

Propos recueillis par Fatoumata Coulibaly, Madina Sow et S. KONE

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *